À Mindelo la grande parade a lieu le mardi et prend la forme d'une compétition entre les groupes qui y participent.
Un jury est chargé de noter les prestations individuelles ou collectives, les décisions sont rendues dès le lendemain au cours d'une cérémonie de remise des prix.
Pendant des mois, les groupes ont dessiné et cousu les costumes, des centaines de danseurs se sont réunis pour apprendre les chorégraphies le soir après le travail, les designers ont construit les chars: le défilé doit être superbe et doit marquer les esprits.
Mais si le défilé réunit chaque année plusieurs milliers de participants, tous n'ont pas le même rôle, chacun d'entre eux a une fonction bien précise. Il y a les anonymes (la majorité) et il y a les quelques personnages plus en vue, ceux qui peuvent améliorer le score final de leur groupe ou espérer obtenir une récompense individuelle.
Voici comment le défilé se déroule ainsi que les personnages qui le composent.
Où et quand?
Il y a régulièrement des annonces de construction d'un Sambodromo à l'instar de ce qui se fait à Rio de Janeiro: en attendant, le défilé se déroule dans le centre historique de Mindelo (et c'est très bien ainsi). Le convoi démarre en bord de mer tout en bas de la rue de Lisboa, au niveau de la statue de l'oiseau, il remonte la rue jusqu'au Palacio, bifurque pour prendre l'Avenue Baltasar Lopes da Silva puis emprunte la rue la plus étroite du circuit pour descendre vers la Praça Nova, il en fait le tour et progresse jusqu'à l'Avenida Marginal en suivant la rue de la Poste (la nouvelle rua Pedonal).Traditionnellement, le cortège démarrait en début d'après-midi. Mais en 2023, les groupes ont demandé à commencer plus tard, pour que chacun d'entre eux soit vu de nuit; tous les groupes défileront dans les mêmes conditions, en profitant de l'éclairage qui, selon eux, embellit le défilé, les costumes et les chars. Le rendez-vous est fixé à 18h30.
Le public
Depuis quelques années, les organisateurs installent des tribunes le long du parcours, une partie des places est réservée aux officiels (rua de Lisboa), le reste est vendu au public. Les autres spectateurs s'agglutinent sur les trottoirs pour essayer d'assister au spectacle, mais ces places gratuites valent vite de l'or et certains les "réservent" en posant des objets le mardi matin très tôt, voire même la veille au soir juste après le défilé de Samba Tropical.Dans cette galerie: 8 photos
Comissão de Frente
Chaque groupe a sa propre comissão de frente chargée de la précéder avec une prestation originale, par exemple à travers une chorégraphie et des costumes spectaculaires qui ont pour objectif de laisser une forte impression. Mais des groupes choisissent plutôt de présenter une performance artistique (théâtre) ou sportive (capoeira, acrobates).Dans cette galerie: 3 photos
Porte-Bandeau & Maître de Salle
La Porta-bandeira a l'importante mission de présenter fièrement le drapeau du groupe, elle doit le faire avec grâce et sourire, allant d'un côté à l'autre du public pour conquérir le plus de supporters. Elle est accompagnée du Mestre-Sala, généralement un très bon danseur qui lui aussi doit séduire les spectateurs. Les deux font l'objet d'une récompense dans le classement final.Dans cette galerie: 9 photos
Les Alas
À l'intérieur de chaque groupe, les participants sont répartis dans différents petits groupes qui se succéderont, ces ailes ("Alas") peuvent compter de 10 à 200 personnes, chacune d'entre elles ayant une chorégraphie et des costumes spécifiques. Le succès du défilé tient beaucoup à cette variété de styles, de danses et de thèmes, il y a toujours quelque chose de nouveau à regarder tout au long des quatre à cinq heures que dure le défilé.Dans cette galerie: 3 photos
Les Chars
("Carros Alegoricos")
Chaque groupe doit présenter deux ou trois chars (selon les années): au fil des années, ils se sont transformés en des créations superbes et gigantesques, parfois tellement volumineuses que les groupes ont du mal à les acheminer jusqu'au centre de Mindelo, il faut alors démonter des panneaux de circulation ou plier les branches des arbres au bord des routes. Les designers, soudeurs, peintres et électriciens se sont relayés jours et nuits dans les ateliers pour construire ces merveilles de créativité en accord avec le thème du groupe, leurs trouvailles retiennent l'attention et il faut bien plus qu'un passage du défilé pour voir tous les détails conçus par les graphistes. Mais pour avoir une chance de remporter le trophée, il ne faut pas seulement être créatif, il faut avancer à rythme constant et surtout démarrer à l'heure prévue!Dans cette galerie: 5 photos
La Reine et le Roi
("a Rainha e o Rei")
C'est de tout en haut du plus beau char que la Reine salue la foule, et malgré le vent et la fatigue elle doit garder une posture royale et joyeuse. Son costume exceptionnel est scruté et analysé par tous les spectateurs, il a fallu plusieurs milliers d'euros pour l'assembler, investissement indispensable pour qui vise le titre de Reine du Carnaval.Mêmes moyens et même objectif pour le Roi, lui aussi hissé en haut d'un char et revêti du plus beau des habits.
La Batterie
("Bateria")
Chaque groupe est accompagnée d'une formation de 30 à 50 percussionnistes qui battent frénétiquement le rythme pour soutenir les danseurs: quand bien même les groupes présentent chaque année leurs musiques originales composées pour l'occasion (voir plus bas), il n'y a pas de Carnaval sans ces batucadas qui précèdent le véhicule des chanteurs/chanteuses. Sous le contrôle du maître de batterie, tamborim, caisse claire, apito, pandeiro et agogo servent à jouer ces sambas syncopés qui enflamment le public. En 2020, l'année de la création du trophée, toutes les batteries avaient obtenu le même score, il a fallu les départager par tirage au sort.Dans cette galerie: 3 photos
La Reine de Batterie
("Rainha da Bateria")
Avec ses pas de danse effrénés, elle est chargée de motiver ses percussionnistes. Choisie après concours parmi les plus photogéniques des sambistas, elle fait le spectacle et le public l'applaudit massivement; son rôle a pris de l'importance au point de mériter un trophée spécifique depuis l'édition de 2015. Au fil du temps, à l'instar de ce qui s'est fait au Carnaval de Rio, on assiste à une starisation de ces jeunes filles et à la création d'une mini-compétition dans la compétition.Dans cette galerie: 8 photos
Les Passistas ou Sambistas
Elles aussi font le spectacle, et là encore, le public en redemande: en petits groupes ou réparties individuellement dans différentes alas, ces jeunes et belles femmes dansent la samba comme si leur sort en dépendait. Il faut cependant préciser que ce rôle peut naturellement être assumé par de jeunes garçons.Dans cette galerie: 7 photos
La Musique
Tous les ans, chaque groupe présente une nouvelle musique correspondant au thème qu'il s'est choisi: il la publie quelque temps avant le défilé, pour que les spectateurs la connaissent et la reprennent au passage du défilé, chose facilitée par le développement des réseaux sociaux. Ces morceaux connaissent parfois un grand succès et entrent dans le patrimoine culturel collectif. À la fin du Carnaval, le compositeur du morceau le plus apprécié reçoit un trophée: bien souvent, il a composé plusieurs morceaux pour plusieurs groupes concurrents, le genre musical carnavalesque attirant encore peu de compositeurs traditionnels.Les groupes d'animation
Groupes informels ou déclarés, individus inspirés, ils se glissent dans les espaces séparant les grands groupes de la compétition: fausses célébrités, troupe de mandingas, groupes de faux vieillards, homme seul dévorant ostensiblement de l'aloe verde ou cuisinant des spaghettis, jeunes vêtus à la mode des années 70 ou 80, hommes travestis en femmes ou habillés en bébés sales et criards, il n'y a pas de limite à l'imagination de ces fêtards qui veulent eux aussi participer au défilé du Mardi Gras. Les plus inspirés d'entre eux sont récompensés par le prix Cacoi, du nom d'un ancien chanteur passionné du Carnaval.Dans cette galerie: 8 photos
Les photographies
En préambule: bien sûr, il est possible (et conseillé) de prendre des photos depuis sa place assise ou sur les trottoirs.Cela ayant été dit, il faut faire la petite mise au point suivante. Tout le monde a naturellement très envie de garder des souvenirs de l'événement, mais devant l'affluence des photographes professionnels ou amateurs, les groupes carnavalesques se sont plaints de comportements irrespectueux ou abusifs, les danseurs étant parfois bloqués ou gênés dans leur cheminement par des individus trop pressants. Les organisateurs ont donc décidé de n'autoriser qu'un nombre réduit de photographes à accompagner la parade; d'autres peuvent travailler à partir de spots qui leur sont attribués.